8èmes rencontres de la santé
par Joly Cathie-Rosalie
Les sociétés contemporaines, en contexte démocratique, cherchent à se consolider en stigmatisant
les écarts à la norme commune, à se réguler pour fixer un équilibre consenti et consensuel. Pour cela elles
font appel à l’inspection, à l’évaluation, à l’audit et confèrent ainsi une place prépondérante à un acteur
particulier : l’expert, le spécialiste de ce qui doit être, de ce qui est adéquat. Ces nouveaux métiers et les
processus qu’ils mettent en jeu, sont sensés fournir d’abord une réponse à l’exigence de qualité, de sécurité,
de transparence demandée par la société civile mais aussi par l’Etat, garant et défenseur du sacro-saint
principe d’ordre public dont la salubrité est une composante majeure. C’est pourquoi l’hôpital est un des
espaces-temps majeur de ces processus.
Financement, organisation et articulation entre médecine de ville et hôpital, pilotage national, santé
publique, sécurité sanitaire, le domaine de la santé est passé au crible, car il n’échappe pas aux fraudes,
aux dysfonctionnements en raison de sa complexité et des enjeux financiers qui le caractérisent. Dans ce
domaine, lorsque le dysfonctionnement apparaît il se fait ressentir particulièrement cruellement, car il touche
ce qui est le plus vital, la santé des citoyens, provoquant l’angoisse, le sentiment d’insécurité, parfois une
perte de confiance massive non seulement dans les institutions sanitaires mais aussi, par contamination,
dans les institutions en général. De sorte qu’un dysfonctionnement sanitaire important ne reste jamais
sanitaire, ni même économique, il devient immédiatement politique, ainsi que nous l’avons constaté dans les
cas de l’affaire du sang contaminé, ou plus récemment du Médiator.
Il semble que ces démarches d’inspection, d’évaluation se soient mises à épouser, avec le temps,
les formes d’un certain contrôle social, contrôle social qui se poursuit dans « un esprit de marche en avant »
propre à nos sociétés industrielles avancées. Ainsi, inspections vétérinaires, contrôles sanitaires aux
frontières, classements des hôpitaux, audits des services de soins…le contrôle au sens large sanitaire est
partout – qui peut osciller entre logiques de transparence, de régulation voire de police -, se déclinant selon
une multitude de modalités. A ces modalités de contrôle, on pourrait ajouter – même si elle ne sera pas
traitée dans le cadre de ces Rencontres, ou alors seulement indirectement – la « médicalisation infinie » ou
police thérapeutique menée par le corps médical, l’encadrement de la santé mentale (hospitalisation sans
consentement) voire l’auto-évaluation par les malades chroniques de leur état de santé.
Quelles sont les plus-values de ces démarches d’inspection, d’audit, d’évaluation ? Le champ de la
santé est-il sur-contrôlé ? Comment éviter que la biopolitique ne prenne le pouvoir sur la santé publique ?
Ces 8èmes Rencontres de la Santé se proposent de réfléchir à ces questions et de les prolonger, en
partenariat cette année avec la contribution de membres de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, et,
comme les années précédentes, avec l’Assistante Publique-Hôpitaux de Marseille.
Orateurs : | Joly Cathie-Rosalie |
Dates : | 14-12-2011 - 14-12-2011 |
Heures : | 23:00:00 - 23:00:00 |
Lieu : | Espace Ethique Méditerranéen (Marseille) |
Télécharger : | Programme |